Dans la tradition orientale, la respiration fait partie de la plupart des pratiques méditatives et considérée comme un facteur crucial pour atteindre l’état méditatif de conscience, ou «Samadhi» (Patanjali, Yoga Sutras). Le souffle s’appelle «Prana», ce qui signifie à la fois «souffle» et «énergie». «Prana-Yama» – littéralement, «le stop / contrôle », mais aussi « la montée / l’expansion de
la respiration »- est un ensemble de techniques de respiration qui visent directement et consciemment à réguler un ou plusieurs paramètres: la fréquence, la profondeur, le rapport inspiration / expiration. Le Pranayama est principalement lié à la pratique du yoga, mais il fait également partie de plusieurs autres pratiques. Il a fait l’objet de centaines d’articles scientifiques.
Une croyance commune de la culture occidentale est que le contrôle de la respiration a des effets bénéfiques sur l’état de santé, comme le bien-être, la relaxation et la réduction du stress. Si on googlise les mots clés « pranayama » et « Bien-être » on
obtient 5.4 millions de résultats. Si on googlise les mots clés « pranayama » et « Stress » on obtient 4.8 millions de résultats. Des
techniques de respiration ont été développées indépendamment de toute croyance religieuse ou spirituelle et de nos jours, elles sont principalement utilisées à des fins thérapeutiques.
Pour la première fois, une revue systématique s’est intéressée aux mécanismes psychophysiologiques sous-jacents aux techniques de respiration lente et à leurs effets sur des sujets sains.
15 études chez les sujets sains
Une équipe italienne a utilisé la méthode PICO pour identifier les études menées sur les effets de la respiration lente chez les sujets sains. Cette méthode scientifique permet d’utiliser au mieux les moteurs de recherche disponibles en posant 4 questions :
- Patient/Population : à qui s’adresse l’intervention, la méthode à appliquer ? Hommes, femmes, d’une certaine tranche d’âge, ayant telle caractéristique, telle pathologie ?
- Intervention: cherche-t-on des renseignements sur un traitement médicamenteux, un traitement physique, une action d’éducation à la santé ?
- Comparaison : à quoi éventuellement doit être comparée l’intervention décrite ci-avant ? Méthode de référence, alternative ?
- Outcome : issue clinique, pratique recherchée ?
Avec cette méthode, les auteurs italiens se sont posé la question suivante :
Y a-t-il des effets sur le système nerveux central ou sur le système cardio-respiratoire (O) de la respiration lente (I) sur des sujets sains (P) comparée à la respiration spontanée (C) ?
Les auteurs ont considéré les études qui répondaient à cette question, qui utilisaient toute technique de contrôle de la respiration (moins de 10 respirations par minute) et tous sujets sains âgés entre 19 et 64 ans, experts ou novices des techniques de respiration. Ils ont pris en compte les études mesurant l’activité cérébrale (mesures par électroencéphalographie (EEG) et imagerie par résonance magnétique fonctionnelle IRMf) et l’activité cardio-respiratoire (mesures des variations de la fréquence cardiaque au cours de la respiration).
Ainsi, 15 études scientifiques publiées entre 2000 et 2016 ont pu être identifiées et analysées. L’hétérogénéité des participants, des méthodes de respiration utilisées et des résultats, n’a pas permis de réaliser une méta-analyse. Toutefois, l’ensemble des données montre que les techniques de respiration lente ont un effet sur l’activité parasympathique et sur les activités du Système Nerveux Central liées au contrôle émotionnel et au bien-être psychologique des sujets sains..
Les principaux effets
Les techniques de respiration lente favorisent des changements du système nerveux autonome augmentant la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) et l’arythmie respiratoire sinusale (ARS).
La diminution de la VFC est associée aux risques d’événements cardiaques chez les adultes et elle pourrait avoir une valeur prédictive pour l’espérance de vie et la santé.
L’amplitude de l’ARS fournit un indicateur validé du tonus parasympathique, en grande partie responsable de la mise au repos de l’organisme.
Les études EEG montrent une modification de l’activité cérébrale avec une augmentation des ondes alpha et une diminution des ondes thêta. Anatomiquement, la seule étude IRMf disponible met en évidence une activité accrue dans les structures corticales et sous-corticales. Les résultats psychologiques / comportementaux liés aux changements mentionnés ci-dessus sont un confort, une relaxation, un plaisir, une vigueur et une vigilance accrus ainsi qu’une réduction des symptômes d’excitation, d’anxiété, de dépression, de colère et de confusion.
Source
Zaccaro A, Piarulli A, Laurino M, et al. How Breath-Control Can Change Your Life: A Systematic Review on Psycho-Physiological Correlates of Slow Breathing. Front Hum Neurosci. 2018;12:353. Published 2018 Sep 7. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30245619/
Photos
Valérie photographies https://www.valerietrassard.com/paysages